Al’instar de MyPrevention du courtier Siaci Saint Honoré, du programme Vivoptim de la MGEN ou encore du parcours d’Harmonie (PSI n°992), toutes ces offres reposent sur un panel de services d’information, de dépistage
et d’accompagnement personnalisé, le plus souvent adossé à un portail Web, un assisteur et à l’utilisation de solutions digitales en partenariat avec des start-up ou un consortium de financeurs (MGEN). «Avec le risque
de rétrécissement du métier d’assureur rembourseur de soins, l’investissement dans ces nouvelles offres est devenu impératif», observe Alix Pradère du cabinet OpusLine. Mais la légitimité des complémentaires à intervenir dans
le champ de la prévention santé s’accroît aussi, à la faveur du développement des accords de branche. Enfin, tous font le pari que la demande sera bientôt au rendez-vous, notamment lorsque les entreprises se retrouveront confrontées à une explosion du coût de l’employabilité de leurs salariés âgés de 55 à 67 ans.
Au-delà de l’affichage et des gadgets, ces offres vont devoir relever plusieurs défis.
1/La façon dont les salariés vont se les approprier. «En réalité, ceux auxquels ces services sont prioritairement destinés les utilisent très peu et la durée moyenne d’usage ne dépasse pas trois à six mois », constate Mathias Matallah, du cabinet Jalma. Sauf à correspondre à un réel besoin médical (suivi de pathologie lourde) ou d’accès aux soins (téléconsultation).
2/La portabilité de ces services. «Ils ne peuvent plus être liés à la durée de vie du contrat de travail ou d’assurance », juge Thierry Vachier, de Siaci Saint Honoré, dont l’offre est non seulement portable mais «multifinançable» par l’entreprise et le salarié à titre individuel.
3/L’usage de ces informations sensibles. «Les données collectées, eventuellement connectées au dossier médical, enrichiront le dialogue avec les professionnels de santé, vrais prescripteurs de ces services», prévient Alix Pradère.
4/L’émergence d’un système d’hébergement de place. «Au nom du principe que le volume fera la vertu, nous nous préparons à faire office non seulement d’assembleurs de solutions concoctées par d’autres, mais d’hébergeurs pour le compte d’autres assureurs, sachant qu’il n’y aura pas de la place pour tout le monde», estime l’un de ces acteurs.
5/La soutenabilité du modèle économique dans un contexte où, comme le reconnaît Mathias Matallah, «faire la preuve de l’amélioration de la gestion du risque par ces services reste difficile».
L’interview de Mme. Véronique Lacam-Denoël, Associée fondatrice du cabinet Proxicare :
Ces bouquets de services marquent le début d’un mouvement de marché plus vaste. Jusque-là, les assureurs complémentaires se limitaient à des expérimentations dissociant accompagnement individuel en santé et actions collectives sur le bien-être au travail. On assiste aujourd’hui à l’arrivée des premières offres globales à destination des entreprises, basées sur des services dans des domaines que la Sécurité sociale n’a pas encore préemptés. De plus, en santé au travail notamment, ces offres ne sont plus forcément incluses dans le coût du contrat collectif mais commencent à être facturées de façon spécifique. Ce qui nécessitera sans doute la mise en place d’organisations commerciales dédiées.
Les assureurs seront-ils les seuls sur ce marché ?
Vu la nécessité de cibler finement ces services pour qu’ils soient utilisés, les gestionnaires de flux de données pourraient intervenir dans la mise en oeuvre de ces solutions, à l’instar d’un Google. Couplés à un accompagnement
professionnalisé, ces services justifient aussi la présence de plates-formes d’assistance.
Enfin, ils devront intégrer le dialogue avec les professionnels de santé, ce qui pourrait déboucher sur l’implication accrue de certains réseaux de soins.
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